La Peine est un voile
La peine est un voile
Tissé par la force du temps
Qui masque l’évidence
Que l’enfant saurait voir.
Patients, sous l’aile du mensonge,
On vit, on attend, sans amour.
Et tranquillement, dans ce songe,
Se rêvent, se disent les jours.
Puis la nuit vient avec ses formes,
Achève de prendre nos couleurs,
nos lumières, nos efforts,
Pour nous dire, tout bas, des choses.
Elle nous ramène à notre passé
Et déchire le voile odieux
Qui sera là, encore, au lever.
La force immense de la nuit,
En songes mille fois répétés,
dresse devant nos âmes nues
Les fantômes de nos lâchetés.
Elle nous ramène au seuil fatal
Où les torts vont se repentir,
Le rideau se lever, et les au revoir,
Jusque-là interdits, prendre leur envol.
Puis le matin nous rappelle :
Restent les larmes et l’oubli,
Et ce que nous sommes devenus,
Par la force du temps et l’ennui,
Sous le voile par nous tissé.